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La Faune du Paléolithique supérieur en Haute-Meuse et régions proches
Les BD « TOUNGA » d’Édouard Aidans, où son héro affronte la faune préhistorique, donnent la touche vivante et colorée en chaque vitrine où les vestiges fauniques sont présentés. L’Ours des cavernes, la Hyène des cavernes, le Renne, le Rhinocéros laineux, le Mammouth laineux, le Mégacéros, le Cerf et le Cheval constituent le fabuleux bestiaire présenté du 2 juillet au 15 novembre 2023.
Qui est Édouard Aidans?
Ayant établi son atelier durant près de 30 années à Godinne et sachant les découvertes archéologiques locales faites aux 19e et 20e s., l’artiste a pu puiser son inspiration dans le cadre boisé de la Haute-Meuse. Ami du Musée, il a sélectionné et offert plusieurs planches des Aventures de TOUNGA, son célèbre héros qu’il fait vivre au Paléolithique supérieur. Liés aux planches exposées, les vestiges fauniques d’époque et de la région présentent les espèces animales disparues ou ayant migré ainsi que celles toujours présentes.
La Faune dans les dessins d’Édouard Aidans
En nos vitrines, un fabuleux bestiaire du Paléolithique !
En partenariat, l’ASBL Centre Grégoire Fournier (CGF) de l’Abbaye de Maredsous et l’ASBL Société Spéléologique de Namur (SSN) offrent de spectaculaires vestiges fauniques rejoignant nos collections et celles détenues par des Amis du Musée. En complément didactique, armes et outils du Paléolithique supérieur proviennent aussi des collections du Musée archéologique de la Haute-Meuse (MAHM) et ouvrent une approche scientifique de l’outillage utilisé entre le Paléolithique moyen et le Mésolithique.
L’Ours des cavernes
Ursus spelaeus, l’Ours des Cavernes, le géant des ours, a vécu depuis le début du Quaternaire jusqu’au Magdalénien. Il fait partie de la faune éteinte du Paléolithique.
L’Ours des cavernes est remarquable par le développement des bosses frontales. Les mâles mesuraient 1 m 30 au garrot et 3 m en position dressée. Ils pesaient autour de 450 kg, le triple du poids d'un ours brun de taille moyenne. L’ours brun a remplacé l’ours des cavernes au cours du Magdalénien.
L’Ours des Cavernes était une espèce essentiellement cavernicole, dont on a retrouvé les restes en quantité considérable.
Piégés par l’homme voulant s’approprier leur grotte, les ours des cavernes devaient aussi se battre avec de nombreux autres animaux pour se réserver un refuge où passer l'hiver, parmi eux les ours bruns, les hyènes et les lions des cavernes.
L’Hyène des cavernes
Hyena spelaea ou Crocuta crocuta, l’Hyène des cavernes, a été très abondante en Europe à l’époque quaternaire durant une période allant de 500 000 ans BC à 10 000 ans BC* (avec un pic entre 40 000 et 30 000).
Cet animal robuste, plus grand que toutes les autres hyènes, possède une tête munie de mâchoires surpuissantes (les os rongés retrouvés appartiennent aux plus gros ours et même aux mammouths) rapportait dans son antre les charognes et carcasses trouvées ou des bêtes tuées. Ce carnivore nocturne aux mœurs nécrophages peut être un redoutable chasseur, surtout lorsqu’il est en meute.
L’Homme a dû redouter croiser cet animal. Il a dû protéger son abri ou sa grotte dans sa vie de chasseur nomade.
Les dents d’Hyène des Cavernes se retrouvent fréquemment dans les grottes, appelées ‘’trous’’ en bassin mosan. L’espèce s’est éteinte pendant l’âge du Renne, au Magdalénien (ses populations ont commencé à décliner il y a 20 000 ans, pour finalement disparaître de nos régions il y a environ 11 000 ans). *BC : Before Christus
Le Rhinocéros laineux
Coelodonta antiquitatis, le Rhinocéros laineux, a vécu pendant la plus grande partie du Quaternaire. Il est un contemporain du Mammouth et a disparu à peu près en même temps.
Il mesurait 3 m 50 de long, 1m 60 au garrot. La grande corne sur le nez pouvait atteindre 1m de longueur, et une petite corne était au-dessus des yeux. Ses narines, séparées par une cloison osseuse, lui ont valu son nom de tichorhinus.
Ce mammifère herbivore était protégé du froid par une épaisse toison composée d’une laine épaisse de 6 cm au moins, parsemée de longs poils raides.
Puissant et de ce fait redoutable lors de ses charges, le Rhinocéros était chassé pour sa viande.
Le Mammouth laineux
Deux populations humaines ont côtoyé Mammuthus primigenius en nos régions :
- les Hommes du Moustérien (Neandertal)
- les Homo Sapiens, sous-espèce à laquelle nous appartenons et dont l’homme de Cro-Magnon fut un des représentants.
Les Préhistoriques ont rarement chassé ces puissants animaux vivant en groupe, préférant probablement s’ attaquer aux blessés, aux affaiblis par l’âge ou la maladie. Il est peu douteux qu’ils se soient adonnés au charognage sur des animaux décédés.
- Les deux tonnes de viande, la graisse et la moelle des os de cet animal sont une réserve alimentaire non négligeable pour les hommes du Paléolithique.
- Ses 215 os et l’ivoire de ses défenses constituent une source importante de matière
- première non alimentaire pour la fabrication d’armes, d’outils, d’éléments de parure.
- Les molaires, constituées de lames transversales d’émail, sont utilisées comme
- râpe, grattoir et enclume.
- La peau est récupérée pour devenir couverture de sol et sacs.
- Les boyaux deviennent outres et autres récipients.
- Les jarres, longs poils atteignant parfois 1 m, ont dû êtres utilisés également pourligature et couture…
L’univers du mammouth est la steppe où il pâture dans ces immenses étendues sèches et froides, couvertes de graminées. Inféodé à son milieu, son aire de distribution variera selon les changements climatiques c’est ainsi qu’il atteindra le sud de la France (et à fortiori nos régions) à la faveur de la glaciation würmienne voici 80 000 ans.
Par suite des pluies dues au réchauffement climatique (l’interstade d’Allerod), arbres et arbustes se substituèrent à la « steppe à mammouths » sur de vastes territoires. Mammuthus primigenius remonte alors dans la péninsule arctique au Nord de la Sibérie. L’espèce disparaît totalement voici 10 000 ans.
Le Mégacéros
Cerf géant du pléistocène, le Mégacéros était chassé par l’homme, par le lion des cavernes ou les loups.
Pour se défendre, il avait des bois gigantesques sur la tête; cette espèce du Pléistocène pouvait
également les utiliser pour racler la neige et pouvoir brouter de l’herbe pendant la période glaciaire.
Le Mégacéros est le plus grand cervidé de tous les temps.
Ce cervidé aux bois démesurés (jusqu’à 3m50 d’envergure) pesait 600 kg, mesurait 2m10 au garrot et 3 mètres de longueur. Comme pour les autres cervidés, les bois du mégacéros tombaient en automne et se renouvelaient chaque année. Son extinction date de moins de 10.000 ans ; sa disparition semble due à la densification des forêts réduisant drastiquement l’habitat de ces grands cerfs.
Le Renne
Abondamment présent en Europe occidentale pendant les phases les plus froides du Paléolithique, Rangifer Tarendus est ensuite remonté vers le Nord à cause du réchauffement climatique où il vit encore. Au Magdalénien, (-17 500 à -10 000), il représente parfois jusqu’à 90% du tableau de la chasse pratiquée en phase climatique froide. Robuste, pouvant peser jusqu'à 200 kg, c’est le seul cervidé possédant des bois chez les deux sexes, bois renouvelés chaque année.
Le Renne est un véritable trésor : viande et moelle pour l’alimentation, bois et os pour la confection des outils, des armes et des supports d’œuvres d’art, dents pour les parures, peau et fourrure pour les vêtements et les tentes, tendons pour les ligatures et ‘’fil à coudre’’, graisse pour les lampes…
Le Cerf
Le Cerf ordinaire ou Cerf élaphe (Cervus elaphus) a vécu dans nos régions pendant tout le Quaternaire. C’est un animal de pays tempéré, vivant en forêt et qui se retirait vers le Midi lors des périodes de froid, cédant alors la place au Renne. Très chassé par les Préhistoriques, on retrouve toujours ses ossements en proportion inverse de ceux du Renne selon les phases climatiques au cours desquelles la chasse a été pratiquée. Le Cerf vit toujours dans nos forêts.
Le Cheval
Le Cheval date de l’origine des dépôts quaternaires. Il est différent des chevaux de l’époque tertiaire, ceux-ci petits, mais il semble identique avec l’espèce actuelle Equus caballus quoi que plus petit (Cheval de Solutré : 1 m 40 au garrot).
Le seul cheval sauvage rescapé de l’époque préhistorique est le Cheval de Przewalski, petit, à crinière en brosse. Au Paléolithique supérieur, durant les phases interstadiaires plus tempérées de la dernière glaciation, le Cheval et aussi l’Aurochs ont tendance à remplacer le Renne.
Le Cheval vivait en troupeau en milieu tempéré, sa chasse est fortement pratiquée au Paléolithique.
Au Magdalénien, on trouve les restes de boucherie de chevaux, en nombre important dans les grottes du Bassin mosan, particulièrement au trou de Chaleux en Val de Lesse, fouillé en 1865 par le jeune scientifique Dinantais Édouard Dupont “937 dents molaires et des fragments de squelette suffisants pour remplir un chariot. Ces dents représentent le râtelier dentaire de quarante chevaux”. É. Dupont.
